Les coûts de réfection sont estimés à plus de 15 milliards $. On demande le soutien du gouvernement fédéral pour les infrastructures en santé à la Conférence nationale sur le leadership en santé qui se tient les 15 et 16 juin 2015, à Charlottetown, Î.-P.-É.
Le 16 juin 2015 (Charlottetown, Î.-P.-É.) – L’état de dégradation de nombreux hôpitaux du Canada – dont les coûts de réfection se chiffrent en milliards de dollars – pose une sévère menace à l’accès aux soins et à la qualité des soins, selon un exposé présenté aujourd’hui au Grand débat sur les soins de santé au Canada dans le cadre de la Conférence nationale sur le leadership en santé (CNLS) organisée conjointement par SoinsSantéCAN et le Collège canadien des leaders en santé qui se tient à Charlottetown, Î.-P.-É.
Pour réduire les coûts ou atteindre leurs cibles budgétaires, les hôpitaux de partout au pays ont retardé des travaux de réfection essentiels. Les résultats préliminaires d’une étude réalisée par SoinsSantéCAN révèlent que les estimations initiales des coûts d’entretien différé accumulés (EDA) atteignent 15,4 milliards $, mais ce montant pourrait bien atteindre les 28 milliards $.[1] En se basant sur des documents publics, on estime les coûts d’entretien différés à 11,4 milliards $ en Ontario[2] et à 600 millions $ en Nouvelle-Écosse[3] (sur une période de 10 ans), et à au moins 600 millions $ en Saskatchewan[4] (entre 2015 et 2018, pour répondre aux besoins d’infrastructures vieillissantes) et à au moins 637 millions $ en Alberta[5].
« Si nous continuons de laisser nos installations de soins de santé se dégrader, nous aurons rapidement un problème de santé et de sécurité », a déclaré Rob MacIsaac, président-directeur général, Hamilton Health Sciences, en Ontario. « De plus, le piètre état de nombreux bâtiments inefficaces et endommagés est un facteur démoralisant pour les patients et le personnel hospitalier et il a des incidences directes sur les soins. »
Dans un contexte de restrictions budgétaires et de faible croissance économique, on s’attend à ce que le problème s’amplifie – à moins que de nouvelles stratégies de financement ne soient déployées. Ce sujet est à l’ordre du jour du Grand débat sur les soins de santé au Canada de la CNLS dans lequel on invite le gouvernement fédéral à donner le coup d’envoi à ces projets de réfection. L’une des résolutions débattues invite les leaders en santé à adresser une requête au gouvernement du Canada afin que le renouvellement et l’entretien différé des infrastructures hospitalières soient inclus au titre des dépenses admissibles dans tout programme d’infrastructures mis en place par le gouvernement fédéral dans le futur.
Le gouvernement fédéral a investi délibérément dans les infrastructures hospitalières (destinées à la prestation de services) il y a près de 50 ans, par l’entremise de la Loi sur la Caisse d’aide à la santé de 1966. Les experts laissent entendre que les hôpitaux ont une durée de vie utile d’au plus 40 ans, ce qui signifie que le gouvernement fédéral aurait dû injecter des fonds dans les infrastructures en santé dans les alentours de 2004. Cette année-là, le Comité Kirby a recommandé vivement au gouvernement de verser 4 milliards $ dans un fonds de capital en santé; le gouvernement n’a pas donné suite à cette recommandation.
« Depuis lors, plus de 1 200 articles scientifiques ont souligné à quel point les hôpitaux modernes évitent des erreurs, réduisent les infections, améliorent la récupération, raccourcissent la durée des séjours et augmentent l’efficacité », a souligné Bill Tholl, président et chef de la direction de SoinsSantéCAN.
L’investissement minimal nécessaire pour empêcher les coûts d’entretien différés dans les hôpitaux canadiens de continuer à augmenter s’établit entre 2,8 milliards $ et 3,21 milliards $ par année.
La résolution sur les infrastructures qui sera discutée au Grand débat sur les soins de santé au Canada porte sur trois défis clés. En premier lieu, le gouvernement fédéral a-t-il un rôle à jouer étant donné que les soins de santé sont principalement de juridiction provinciale? En deuxième lieu, les installations de soins de santé de l’avenir font-elles partie de nos infrastructures nationales? Et en dernier lieu, quelle proportion du financement des infrastructures les communautés devraient-elles fournir pour les projets d’hôpitaux locaux?
Si l’on règle le problème des infrastructures hospitalières vieillissantes, on contribuera au bout du compte à accélérer la transformation du système de santé pour répondre aux besoins de demain, prétend Rob MacIsaac. « Si nous réparons et nous rénovons les installations de soins de santé », dit-il, « nous pourrons offrir de nouveaux modèles de soins, améliorer l’accès aux soins et utiliser des technologies plus novatrices qui aideront les gens à retourner à la maison d’une manière plus rapide et plus sécuritaire. »
Les présentateurs sont catégoriques lorsqu’ils se penchent sur chacune de ces questions. Ils expliquent que le gouvernement fédéral utilise souvent les infrastructures actuelles du système de santé pour répondre aux besoins de diverses populations. Le gouvernement fédéral assume de longue date un rôle de leadership dans la prestation de services reliés à la santé, comme la santé publique, les programmes de protection de la santé, la santé des Premières Nations et la recherche en santé. Comme le soulignent les présentateurs, le manque de soutien fédéral pour la réfection ou le remplacement des hôpitaux qui ont dépassé leur date de péremption fait en sorte que le gouvernement fédéral a de la difficulté à :
- jouer le rôle nécessaire dans les systèmes de préparation aux situations d’urgence et de gestion des catastrophes du pays;
- maintenir des normes sur la lutte contre les infections;
- héberger les technologies avancées qui alimentent la recherche;
- attirer et retenir les meilleurs fournisseurs de soins de santé et les meilleurs chercheurs.
Le gouvernement fédéral considère que les projets d’infrastructures doivent appuyer un ou plusieurs des objectifs suivants pour être jugés « d’importance nationale » : « générer une activité économique positive; réduire les éventuelles perturbations économiques ou pertes au niveau des activités économiques; générer des gains de productivité pour l’économie canadienne; ou offrir des avantages qui s’étendent au-delà des provinces ou des territoires où le projet serait situé. »
Le Nouveau Fonds Chantiers Canada : volet infrastructures nationales limite les projets admissibles à ceux qui appartiennent aux catégories suivantes : autoroutes et routes principales, ponts, transport en commun, infrastructures ferroviaires, aéroports et ports maritimes. Jusqu’à présent, les infrastructures hospitalières saines ne sont pas admissibles au Fonds, malgré l’énorme impact qu’elles ont sur la santé économique et la santé physique de toutes les communautés.
« La construction et l’agrandissement des infrastructures en santé créent des emplois et de l’activité économique », ajoute Bill Tholl. « L’investissement dans les installations de soins de santé de l’avenir favorise également la santé des populations, un élément essentiel pour une économie productive. »
Dans un nouveau sondage réalisé par Ipsos Reid pour le compte de SoinsSantéCAN, 77 % des répondants considèrent que les gouvernements ne parlent que d’investir dans les routes et les ponts, alors que l’investissement dans les hôpitaux vieillissants est une priorité plus grande.
Bill Tholl souligne que certaines communautés sont en mesure de recueillir plus d’argent, ce qui leur permet d’accélérer les travaux de construction et de réparation et d’offrir un meilleur accès aux soins. Il juge toutefois cette situation problématique, car elle cause des inégalités par rapport à l’accès aux soins de santé nécessaires, ce qui ne cadre pas avec l’intention de la Loi canadienne sur la santé. Une augmentation stratégique des investissements fédéraux dans les infrastructures de soins de santé pourrait contribuer à uniformiser les règles du jeu dans les différentes communautés.
Présentée par SoinsSantéCAN et le Collège canadien des leaders en santé, la Conférence nationale sur le leadership en santé accueille plus de 700 leaders en santé des quatre coins du pays. Les discours liminaires et les diverses présentations porteront principalement sur la stimulation d’une culture de l’engagement, de l’innovation et de l’amélioration du système de soins de santé au Canada. Le Grand débat sur les soins de santé au Canada est un forum unique qui donne aux leaders en santé l’occasion d’adopter des résolutions visant à aider les décideurs à relever les principaux défis des soins de santé auxquels est confronté le Canada. La conférence se déroule les 15 et 16 juin, à Charlottetown, Î.-P.-É.
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Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec :
Elissa Freeman
Pour SoinsSantéCAN
Cell. : 416-565-5605
elissafreeman@gmail.com
[1]Deferred Hospital Maintenance in Canada: There is more to ‘a building’ than building it. L’étude utilise deux principales méthodes pour estimer les coûts d’EDA au Canada. Elle utilise les audits provinciaux des installations hospitalières et les renseignements sur la population et la santé de Statistique Canada et de l’ICIS pour calculer les coûts d’EDA des hôpitaux canadiens. La deuxième méthode traduit les résultats d’une étude détaillée des coûts d’EDA dans le secteur universitaire au Canada en résultats pour le secteur hospitalier. Les résultats d’une revue de la littérature sont également inclus.
[2] Budget provincial de l’Ontario pour 2015
[3] Rapport du vérificateur général pour 2012
[4] Budget provincial de la Saskatchewan pour 2015
[5] http://www.edmontonsun.com/2014/07/14/edmonton-hospitals-need-millions-in-maintenance