le 16 mars, 2021
Tout au long de la pandémie de COVID-19, la communauté de la recherche en santé du Canada a clairement démontré le rôle crucial qu’elle joue pour aider le pays à traverser une crise. En fait, la vitesse sans précédent à laquelle la recherche sur la COVID-19 a progressé au Canada témoigne clairement du dévouement indéfectible et des compétences de notre main-d’œuvre de la recherche en santé.
Toutefois, les conditions pénibles que nos chercheurs en santé et en biomédecine ont dû subir pour nous amener au point où des milliers de Canadiens sont vaccinés chaque jour sont une honte nationale. Cette main-d’œuvre importante, sur laquelle nous comptons pour développer des traitements contre nos maladies les plus mortelles, fait face à une incertitude quotidienne en raison des fluctuations imprévisibles de son financement. Cette situation peut la mener à interrompre ses recherches ou même à les repartir de zéro. Ce n’est pas une façon de traiter les cerveaux les meilleurs et les plus brillants de notre pays.
Malheureusement, la situation ne date pas d’hier.
Pendant des décennies, le gouvernement fédéral a sous-financé le secteur de la recherche en santé et en biosciences, ce qui a mené à une impasse dans la recherche et à des occasions manquées dans des domaines critiques. Le processus de financement de ce secteur, pris au piège du fait qu’il compte beaucoup trop sur la bienveillance de donateurs privés, persiste malgré les nombreux rapports qui font écho aux appels à l’action de SoinsSantéCAN. Ces rapports, comme celui de l’Examen du soutien fédéral aux sciences et plus récemment, celui du Conseil sur la stratégie industrielle, indiquent tous deux qu’un financement accru et prévisible de la recherche est essentiel à la prospérité économique. Le Canada ne peut pas se permettre de rester complaisant en ce domaine, et surtout pas si cela se fait au détriment de la main-d’œuvre en recherche en santé du Canada et de notre résilience économique.
Le 23 février dernier, les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) ont publié un ambitieux Plan d’action comprenant des stratégies pour renforcer la capacité de recherche en santé du Canada. En théorie, c’est une bonne nouvelle, mais sans une augmentation du financement fédéral pour la recherche à hauteur de deux pour cent des dépenses publiques en santé, les programmes de bourses et de subventions des IRSC ont bien peu de chances de réaliser pleinement le potentiel de ce secteur.
Alors qu’en 2018 le budget fédéral comprenait d’importants nouveaux investissements dans la recherche en santé, particulièrement par l’entremise des IRSC, la période visée prendra fin l’année prochaine et nous manquons toujours de fonds. En clair, les dépenses publiques dans la recherche en santé restent stagnantes.
Nous pouvons et nous devons faire mieux.
Le Canada doit accorder une priorité plus grande au soutien de la recherche en santé qu’il ne l’a fait dans le passé. Si nous comparons notre situation à celle de pays concurrents, comme les États-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni, nous constatons que le pourcentage des dépenses publiques en santé consacré à la recherche au Canada est grandement insuffisant. Alors que ces pays consacrent respectivement 3,8 %, 2,4 % et 0,9 % de leurs dépenses publiques en santé à la recherche en santé, le Canada se démarque fortement en n’y consacrant que 0,43 % de ses dépenses publiques en santé.

Ce contraste est particulièrement manifeste dans les milieux de la recherche hospitalière. Dans un récent article de CTV, on a cité le Dr Srinivas Murthy, professeur agrégé d’enseignement clinique à l’Université de la Colombie-Britannique qui a déclaré que les cliniciens des États-Unis sont mieux équipés pour mener des recherches de bonne qualité en milieu hospitalier, alors qu’au Canada, les budgets, le personnel et l’infrastructure distincts font en sorte qu’il est difficile de démarrer rapidement de la recherche clinique, en particulier pour répondre à une crise comme celle de la pandémie.
Il fut un temps où nous pouvions nous appuyer sur les réussites antérieures du secteur de la recherche en santé du Canada comme indicateurs de notre position sur la scène mondiale, mais cette époque est révolue. Pour que ce secteur soit à nouveau sous les feux des projecteurs internationaux, ce qui contribuerait à retenir nos chercheurs dévoués qui travaillent d’arrache-pied et à attirer des talents et des investissements mondiaux, le gouvernement fédéral doit tenir sa promesse de « rebâtir en mieux » en commençant par établir une base solide de soutien fédéral.
Comme l’a dit récemment si éloquemment François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie : « La science et la recherche de haut calibre sont les moteurs de l’innovation. Comme jamais auparavant, la population canadienne se tourne vers ses chercheurs pour découvrir des solutions novatrices aux problèmes réels. »
Alors que nous nous engageons dans l’avenir, les chercheurs canadiens sont impatients de faire leur part. C’est maintenant au gouvernement fédéral d’agir. Le temps presse!
Paul-Émile Cloutier, président et chef de la direction
SoinsSantéCAN
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