Le 21 octobre 2022
Observations liminaires
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs membres du comité, je vous remercie de nous donner l’occasion de vous rencontrer aujourd’hui pour discuter de l’important mandat qui vous a été confié : fournir des conseils au gouvernement fédéral sur la modernisation de l’écosystème fédéral de soutien à la recherche.
Je m’appelle Paul-Émile Cloutier et je suis le président et chef de la direction de SoinsSantéCAN, le porte-parole national des instituts de recherche en santé, des hôpitaux et des organisations de soins de santé de la grandeur du Canada. Je suis accompagné aujourd’hui par deux membres de notre comité des vice-présidents à la recherche en santé :
le Dr David Hill, vice-président, Recherche intégrée et directeur scientifique et de la recherche, Institut de recherche en santé Lawson, Centre de soins de santé St-Joseph et Centre des sciences de la santé de London; membre du conseil d’administration de SoinsSantéCAN et coprésident de notre Comité des vice-présidents à la recherche en santé;
et le Dr Michael Czubryt, directeur général, Recherche, Hôpital Saint-Boniface.
Les membres de SoinsSantéCAN font partie des plus de 1 200 établissements de soins de santé qui soutiennent plus de deux millions d’emplois directs et indirects, représentent près de 12 % du PIB du Canada et stimulent les économies locales par la recherche et le développement, la commercialisation des découvertes et les projets d’infrastructures. Nos membres proviennent de diverses institutions, notamment des instituts de recherche, des hôpitaux, des prestataires de soins de longue durée et de soins à domicile, des autorités sanitaires et des associations du secteur de la santé. Ces organisations jouent un rôle crucial pour permettre de mieux comprendre les maladies, de mettre au point des traitements pour les patients, de fournir de soins de grande qualité et de résoudre les problèmes les plus pressants auxquels le Canada est confronté.
En préparation de la présente rencontre, nous avons réuni notre Comité des vice-présidents à la recherche en santé pour discuter du message à vous transmettre aujourd’hui. Trois principaux fils conducteurs se sont dégagés de notre discussion : Opportunité. Ambition. Urgence.
Le Canada héberge des instituts de recherche de premier plan, compte des chercheurs talentueux et joue dans la cour des grands. Toutefois, nous n’avons pas encore réalisé le véritable potentiel du secteur de la recherche du Canada, en grande partie parce que les investissements dans la recherche ont été limités au cours des dernières décennies et qu’aucune réflexion stratégique sur l’avenir de la recherche en santé au Canada n’a été menée.
Les problèmes de financement – tant sur le plan du niveau de financement que de la façon dont les organismes et les programmes fédéraux administrent le financement – sont à la source des nombreux défis de notre secteur, car la difficulté d’accéder au financement affecte profondément tout l’écosystème de la recherche. Si les chercheurs ne peuvent accéder au financement nécessaire pour mener de la recherche prometteuse, pour couvrir les coûts complets de la recherche, pour payer des salaires concurrentiels au personnel de laboratoire et aux stagiaires qui rendent la recherche possible, ou encore pour acheter du matériel et le maintenir en bon état, les chercheurs talentueux quitteront le Canada ou décideront d’orienter leur carrière dans un autre domaine. Par conséquent, les étudiants, les stagiaires, les boursiers postdoctoraux et les chercheurs en début de carrière ont moins d’occasions d’acquérir de l’expérience et de perfectionner leurs compétences. Cela a des répercussions sur le pipeline de talents du Canada et sur les futurs projets de recherche.
Par ailleurs, nous ne pouvons pas commercialiser ce que nous ne créons pas. Lorsque des chercheurs quittent le pays pour poursuivre leurs travaux ailleurs dans le monde, le Canada perd les avantages innovants et économiques de leurs recherches.
La question sur laquelle le Comité consultatif se penchera concerne l’appareil gouvernemental, et je ne prétends pas être un expert dans ce domaine. Toutefois, cet examen du système fédéral de soutien à la recherche offre l’occasion de relever les défis structurels qui entravent l’accès au financement, et d’apporter au cadre existant les changements qui optimiseront l’impact des priorités scientifiques et des dollars canadiens alloués à la recherche. Il y a là une occasion d’éliminer les obstacles qui nuisent à la création de partenariats et à l’innovation commune entre le secteur public, le secteur privé et le milieu universitaire. C’est une occasion de renforcer les structures qui existent déjà, comme les trois conseils, et d’insuffler une plus grande responsabilisation, collaboration et gouvernance dans le système fédéral de soutien à la recherche.
Mais la restructuration du système de soutien fédéral ne suffira pas à elle seule. Le Canada doit être ambitieux et saisir l’occasion pour aller de l’avant. Les pays du monde entier augmentent considérablement leurs engagements dans la recherche, conscients qu’elle sera au cœur de l’économie du savoir d’aujourd’hui et de demain. Le Canada doit leur emboîter le pas, ce qui suppose d’augmenter son niveau d’investissement et d’établir un financement durable à long terme. Il doit aussi être plus stratégique dans son activité scientifique, notamment en créant un système fédéral de soutien à la recherche plus cohérent, complémentaire et coordonné. Le Canada a adopté une approche fragmentée et en constante évolution à la recherche stratégique et cela n’a pas toujours été efficace. Le Canada devrait avoir une approche harmonisée pour soutenir la science stratégique de manière à pouvoir traiter des questions sociétales essentielles, à mettre à contribution et à soutenir la recherche menée par l’industrie et à créer des structures de recherche qui optimisent les répercussions des priorités scientifiques canadiennes. Nous avons besoin d’une gouvernance plus efficace et d’une plus grande responsabilisation, allant de pair avec un effort visant à tirer un meilleur parti de la recherche de découverte entreprise par les chercheurs. Votre comité consultatif dispose d’un court délai pour mener à bien ses travaux, mais son mandat vous donne l’occasion de commencer à formuler une vision ambitieuse et à plus long terme pour la recherche au Canada.
Finalement, j’aimerais attirer l’attention sur la recherche en santé pour illustrer l’urgence dans laquelle nous devons agir. Comme je l’ai souligné, nos pairs mondiaux restructurent et renforcent considérablement leurs systèmes d’aide à la recherche pour mieux se positionner pour l’avenir et rivaliser sur la scène internationale pour recruter les talents et attirer les investissements. À ce jour, le Canada ne l’a pas fait.
Alors que les États-Unis et le Royaume-Uni ont clairement énoncé leurs objectifs et augmenté en conséquence leurs investissements dans la recherche en santé au cours des dernières années, le Canada, dans son dernier budget, n’a pas prévu une hausse annuelle du budget des IRSC. Cette situation est particulièrement inquiétante dans un contexte où le financement dans la recherche menée par des chercheurs est déjà insuffisant au Canada, ce qui nuit à notre capacité de rivaliser avec nos pairs internationaux. Même dans les domaines prioritaires identifiés par le gouvernement fédéral et pour lesquels des engagements de financement ont été pris, l’investissement canadien accuse un retard par rapport à celui de ses pays pairs. Si le Canada n’agit pas rapidement, ce retard s’accentuera.
Il est crucial que le système de soutien fédéral à la recherche concorde avec les besoins de l’écosystème de la recherche d’aujourd’hui et avec les objectifs et les ambitions du Canada pour l’avenir. Nous ne proposons pas une révolution, mais plutôt une évolution. Nous devons simplifier nos structures scientifiques pour nous concentrer sur la recherche menée par des chercheurs et la science stratégique. Nous espérons que ce comité consultatif engagera le Canada dans cette voie et SoinsSantéCAN sera heureux de vous aider à tracer le parcours.
SoinsSantéCAN a présenté au Comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche auprès de Deborah Gordon Gordon-El-Bihbety, Présidente-directrice générale de Recherche Canada et la Dre Rose Goldstein, Présidente du Conseil d’administration de Recherche Canada. Pour lire leurs remarques, cliquez ici.
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