Lire l’article tel qu’il a été publié dans The Hill Times (anglais)
Alors que le monde soutient et réalise une révolution de grande ampleur dans les sciences de la vie, le Canada sera-t-il un acteur sérieux?
Avec l’intelligence artificielle et d’autres nouveaux outils, le Canada a le potentiel de soigner des maladies de longue date, de s’attaquer à de futures pandémies, d’améliorer les diagnostics médicaux et de développer des innovations pour diminuer la pression sur le système de santé. Les contributions des chercheurs en santé du Canada dans la lutte mondiale contre la COVID-19 ont montré que nous pouvons réaliser d’importantes percées scientifiques et en tirer un succès. Commercial.
Pourtant, le défaut d’investir dans les chercheurs en santé qui travaillent à de nouvelles découvertes risque de faire du Canada un perdant. Plutôt que de soutenir et d’encourager les talents, les gouvernements resserrent le financement des chercheurs ce qui leur envoie le message implicite qu’ils n’auront peut-être pas la possibilité de poursuivre une carrière en science au Canada et qu’ils feraient mieux de partir dans d’autres pays où leur talent est beaucoup mieux traité. Les chercheurs qui ont souvent cru que le Canada était un endroit incroyable pour mener leurs carrières peuvent décider qu’ils ne peuvent plus se permettre de venir ici. C’est le Canada qui sera perdant.
La plupart des chercheurs diplômés et des stagiaires postdoctoraux sont financés par des bourses fédérales attribuées à leurs superviseurs par les trois organismes de recherche fédéraux – les Instituts de recherche en santé du Canada, le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada. Or, ce financement a également stagné et a été durement touché par l’inflation. C’est pourquoi, en plus de renforcer les programmes de bourses aux étudiants des cycles supérieurs et aux chercheurs postdoctoraux, il est impératif que le gouvernement fédéral augmente également les investissements dans les organismes subventionnaires fédéraux. C’est d’ailleurs ce qu’ont recommandé le Comité consultatif sur le système fédéral de soutien à la recherche, créé par le gouvernement, ainsi que le Comité permanent de la science et de la recherche de la Chambre des communes qui ont recommandé l’année dernière au gouvernement fédéral d’augmenter ces investissements d’au moins 10 % par année pour les cinq prochaines années.
Pour que le Canada dispose du pipeline de talents nécessaires à une économie du savoir prospère et compétitive sur la scène mondiale, il ne suffit pas d’investir dans les chercheurs pendant leur formation. Si les gouvernements veulent garder les talents dans lesquels nous avons investi et que nos avons soutenus, pour qu’ils puissent travailler dans les hôpitaux, les autorités sanitaires, les instituts de recherche en santé, les organismes gouvernementaux et les entreprises du secteur privé au bénéfice des Canadiens, ils doivent veiller à ce que ces personnes entrevoient leur avenir au Canada. Il s’agit là d’une autre raison pour laquelle le gouvernement fédéral doit de toute urgence augmenter les investissements dans la recherche par l’entremise des trois organismes subventionnaires fédéraux.
En plus de faire courir le risque de perdre nos meilleurs et nos plus brillants chercheurs, le défaut du gouvernement fédéral d’investir adéquatement dans la recherche en santé mine aussi notre capacité, en tant que nation, d’appliquer de manière efficiente et efficace les nouveaux résultats de la recherche pour améliorer l’accès aux soins et aux résultats en santé. Pour bâtir un meilleur système de santé, il faut appliquer les meilleures pratiques.
Ce serait une tragédie si le Canada décidait de ne pas participer à la révolution des sciences de la vie et des occasions qu’elle offre d’améliorer la santé humaine et de renforcer la réussite du Canada en tant que pays innovant. Au cours de la dernière décennie, des groupes de capital de risque ont investi quelque 10 milliards de dollars dans de jeunes entreprises canadiennes des sciences de la vie. Dans les dernières années, des investisseurs ont placé plus de 1 milliard de dollars par année dans des introductions en bourse de sociétés des sciences de la vie à la Bourse de Toronto.
C’est pourquoi SoinsSantéCAN recommande au gouvernement fédéral d’investir immédiatement 3,8 milliards de dollars pour doubler le financement actuel aux trois organismes subventionnaires fédéraux et de s’engager à l’augmenter annuellement pour suivre le rythme de l’inflation et des références mondiales afin d’assurer un financement concurrentiel et durable de la recherche.
SoinsSantéCAN recommande également au gouvernement fédéral d’augmenter le financement fédéral disponible par l’intermédiaire des trois conseils pour les bourses d’études supérieures et les bourses postdoctorales à un minimum de 25 000 dollars et 35 000 dollars respectivement en liant les niveaux de financement à la hausse de l’inflation, et d’augmenter de 50 pour cent le nombre total de bourses d’études et de bourses postdoctorales offertes, en l’ajustant chaque année pour tenir compte du niveau d’inscription dans les programmes d’études supérieures et postdoctorales.
Le budget de 2024 est un test crucial de l’engagement du gouvernement fédéral envers l’avenir et de sa volonté de s’appuyer sur les réussites antérieures du Canada dans le domaine des sciences de la vie ou de laisser passer l’occasion de participer à la révolution mondiale des sciences de la vie.
Paul-Émile Cloutier,
Président et chef de la direction, SoinsSantéCAN
SoinsSantéCAN est le porte-parole national des hôpitaux, des autorités sanitaires, de la recherche en santé et des organisations de soins de santé.