Le 1 octobre 2021
Lire l’article dans Hospital News (anglais)
Les efforts héroïques et innovants des professionnels de la santé qui travaillent jusqu’à l’épuisement à travers le Canada pour lutter contre la pandémie de COVID-19 ne manquent de nous inspirer mais ils sont surtout le signe que notre système de santé se trouve au bord d’une crise majeure en matière de ressources humaines en santé.
Alors que le pays est frappé par une quatrième vague de COVID qui risque fort de s’aggraver avec l’arrivée de l’hiver, les témoignages des professionnels de la santé sont de plus en plus désespérés :
La santé repose sur un facteur humain. La présence en bon nombre de professionnels qualifiés, résilients et engagés et d’un système de santé durable et en évolution constante est nécessaire pour garantir des soins de haute qualité. De plus, avec la rentrée scolaire et le retour dans les classes, les demandes de soins en santé mentale pour les enfants risquent de dépasser la capacité de réponse du système.
Notre personnel des soins de santé souffre. Ils ont eux-mêmes besoin de soins, mais comme pour tous les Canadiens, les services de santé mentale sont peu disponibles et les files d’attente sont longues. Ce personnel souffre aussi du fait que le Canada n’a jamais mis en place de stratégie nationale de santé permettant d’assurer la présence d’un effectif suffisant et stable de médecins, d’infirmiers, de cliniciens, de personnel administratif et de soutien, de bénévoles, de chercheurs et d’apprenants. Nous constatons aujourd’hui l’impact sur l’accès, la qualité et l’efficacité des soins aux patients. Nous craignons également des répercussions sur la sécurité des patients et les issues des traitements.
En collaboration avec nos établissements membres, leaders en santé et en recherche en santé à travers le Canada, nous avons identifié les trois principales priorités en matière de ressources humaines en santé pour lesquelles le prochain gouvernement fédéral devrait engager son soutien :
- Assurer une offre en personnel de santé compétent, en nombre suffisant et capable de répondre, de façon adaptée et équitable, à la diversité des besoins de la population canadienne.
- Soutenir la santé, le bien-être, la sécurité et la résilience de notre personnel de santé par la mise en place d’une stratégie pancanadienne de santé mentale, et la mise à disposition d’outils et de ressources appropriés.
- Promouvoir l’équité, la diversité, l’inclusion et la réconciliation dans notre système de santé en luttant contre la discrimination systémique, en éliminant les obstacles et en développant les talents au sein des communautés en quête d’équité et mal desservies afin de représenter et de servir toutes les communautés du Canada.
Au début de la pandémie, les gouvernements et les industries du monde entier ont fait usage de ressources et de sommes considérables pour pallier les manques en équipements de protection individuelle, équipements médicaux et installations. Pourtant, alors que la pandémie ne cesse de sévir depuis 18 mois, les professionnels de la santé continuent de lui faire front, jour après jour, souvent au détriment de leur propre santé et de leur bien-être.
De nombreux professionnels de la santé ont retardé ou interrompu leur retraite, des étudiants sont venus prêter main forte et des milliers de retraités ont repris le travail pour soutenir leurs collègues. Cela a causé une augmentation temporaire de nos effectifs, comme le montre le récent rapport de l’ICIS intitulé « La main-d’œuvre de la santé au Canada : points saillants de l’incidence de la COVID-19 ». Cependant, à mesure que certains professionnels partiront (ou retourneront) à la retraite et que d’autres choisiront de quitter les soins de santé, c’est une main-d’œuvre réduite qui devra face aux demandes croissantes du public, et à l’augmentation de cas d’épuisement professionnel, de maladie mentale et probablement de décès.
Il est aussi inquiétant que nous ne connaissons pas aujourd’hui les effets à long terme de la COVID sur notre main-d’œuvre. Avec une meilleure sensibilisation à la santé mentale, une réduction de la stigmatisation et l’adoption d’une législation présomptive dans de nombreuses provinces, les demandes de prise en charge émanant des professionnels de la santé et des premiers intervenants risquent sérieusement d’augmenter.
Cela est bien étendu très préoccupant, mais nous devons nous assurer que les professionnels de la santé sont à la fois soutenus dans leurs demandes de soins et qu’ils ont accès à des soins appropriés ; cela est essentiel pour préserver leur santé et leur résilience mentale et ainsi assurer la durabilité de cette main-d’œuvre. En fin de compte, s’il y a une chose que nous devons retenir de cette crise, c’est que nous devons faire tout notre possible pour faciliter l’accès aux services de soins aux professionnels de la santé.
La crise sanitaire que traverse le Canada démontre une fois de plus que notre personnel de santé, par son engagement et ses compétences, est capable d’agir lorsqu’il se trouve confronté à l’adversité. Cependant, alors que le pays est frappé par une quatrième vague, nous devons immédiatement tirer les leçons de la pandémie et soutenir cette main-d’œuvre. Nous devons intensifier les soins offerts aux professionnels de la santé.
Paul-Émile Cloutier, président et chef de la direction
SoinsSantéCAN
SoinsSantéCAN est la voix nationale d’appel à l’action pour les établissements de soins de santé et de recherche en santé à travers le Canada. Dans le cadre de son engagement à faire progresser les questions relatives au personnel de santé, notamment en soutenant la santé et la résilience mentale chez les professionnels de la santé, SoinsSantéCAN a récemment mis sur pied un comité consultatif sur les ressources humaines en santé (CCRH) réunissant les professionnels des ressources humaines et de la culture des soins de santé de tout le Canada.
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