Favoriser une meilleure intégration entre les soins de santé et la recherche en santé et exploiter le plein potentiel innovant et économique du secteur.
Bâtir un système de santé plus inclusif, équitable, vert et résilient qui répond aux besoins de tous les Canadiens.
SoinsSantéCAN est le porte-parole national des hôpitaux, des organisations de soins de santé et des instituts de recherche en santé du Canada. En tant qu’association pancanadienne et non partisane, SoinsSantéCAN plaide en faveur de la recherche et de l’innovation en santé et d’un meilleur accès à des services de santé de grande qualité pour les Canadiens.
Alors que le Canada sort de la pandémie, il est essentiel que nous tirions parti des leçons apprises de la COVID-19 pour bâtir un meilleur système de santé. Le présent mémoire formule des recommandations pour aider le Canada à en sortir plus fort, à miser sur nos forces dans les domaines des soins de santé, de la recherche en santé et de l’innovation pour bâtir un système de santé plus inclusif, équitable, vert et résilient, ainsi qu’une économie basée sur le savoir qui attire les meilleurs talents et les investissements mondiaux et qui poursuit notre fière tradition de découvertes révolutionnaires en soins de santé dont profite le monde entier.
1. Reconnaître les centres universitaires des sciences de la santé comme des entités indépendantes et autonomes et des moteurs de la croissance économique et les autoriser à rivaliser directement et sur un pied d’égalité avec d’autres secteurs pour obtenir un financement fédéral.
SoinsSantéCAN salue les investissements du gouvernement fédéral dans la recherche en santé et les biosciences au cours des 18 derniers mois et est particulièrement reconnaissante envers le Fonds d’urgence pour la continuité de la recherche au Canada dont ont profité de nombreux instituts de recherche. Toutefois, tant dans le passé que pendant la pandémie, le financement a surtout été accordé aux universités et à l’industrie privée et non aux centres universitaires de la santé (CUS) – notamment les organisations de prestations de soins de santé et les instituts de recherche – qui sont au centre de l’écosystème de la santé et des biosciences.
2. Réaliser des investissements transformationnels dans la recherche en santé pour protéger les Canadiens contre les futures crises sanitaires et tirer parti des occasions économiques, en commençant par allouer un plancher annuel minimum de deux pour cent de la dépense publique en santé (3,7 milliards $), à la recherche en santé, aux initiatives stratégiques pour faire face aux questions sociales urgentes et à l’application des connaissances.
La pandémie a montré les avantages de l’investissement dans la recherche et l’innovation en santé. Les chercheurs canadiens ont grandement contribué à la lutte mondiale contre la COVID-19, notamment en établissant pour la première fois le profil de la réponse immunitaire de l’organisme au virus et en développant la technologie des nanoparticules lipidiques pour acheminer l’ARNm dans les cellules de l’organisme – une percée basée sur 40 ans de recherche. Au sortir de la pandémie, des investissements importants et soutenus dans la recherche en santé peuvent propulser le Canada vers de nouveaux sommets et nous permettre de soutenir la concurrence internationale en tant que chefs de file de la recherche et de l’innovation, de bâtir l’économie basée sur le savoir de l’avenir et de trouver des solutions à nos problèmes de santé et nos problèmes sociaux les plus pressants.
3. Réinvestir dans la science fondamentale par l’entremise des trois conseils et transférer les investissements stratégiques en sciences à l’organisme canadien de recherche d’avant-garde.
La science fondamentale est essentielle à la croissance de notre économie de l’innovation; sans elle, le Canada continuera de se laisser distancer par ses homologues internationaux. Pourtant, toutes les promesses et tous les engagements du gouvernement fédéral dans le discours du Trône et les lettres de mandats portent sur la recherche à haut risque, à haut rendement et axée sur les priorités, et non sur la science fondamentale.
4. Faciliter la création de réseaux ou de pôles de la santé autour des hôpitaux de recherche et des organisations de soins de santé qui réunissent le milieu universitaire, l’industrie, les entreprises en démarrage et les incubateurs.
Les hôpitaux de recherche et les organisations de soins de santé agissent comme des pôles de l’innovation puissants au sein du système de santé et du secteur de la recherche en santé et des sciences de la vie. Ils sont au centre de l’écosystème de la recherche en santé et des sciences de la vie, là où convergent les besoins pressants en matière de soins de santé et les innovations permettant de les satisfaire. Au sein des hôpitaux de recherche et des organisations de soins de santé, de nombreux chercheurs, universités, patients, sociétés et industries travaillent ensemble dans un contexte non concurrentiel pour stimuler le développement de nouvelles technologies et commercialiser des produits prometteurs pour améliorer les soins aux patients et la santé de la population de tout le Canada.
5. Construire ou rénover des bâtiments afin de créer les laboratoires et les incubateurs indispensables pour attirer et réunir les chercheurs, les universités et les collèges, l’industrie, les innovateurs et les organisations à but non lucratif.
Il y a une grave pénurie d’espaces de laboratoire au Canada. Les entrepreneurs, les incubateurs et les entreprises en démarrage s’adressent constamment aux hôpitaux de recherche du Canada dans l’espoir qu’ils pourront leur donner accès à leurs laboratoires. Malheureusement, les hôpitaux de recherche ne peuvent pas acquiescer à ces demandes. Pour tirer pleinement parti de la capacité d’innovation et du pouvoir économique du secteur de la recherche en santé et des sciences de la vie, il faut investir dans la construction ou la rénovation d’espaces existants pour créer des espaces dédiés aux incubateurs qui comprennent des laboratoires secs et humidesLes laboratoires secs sont ceux dans lesquels s’effectuent des analyses mathématiques appliquées ou computationnelles par la création de modèles informatiques ou de simulations. Les laboratoires humides sont ceux dans lesquels les médicaments, les produits chimiques et d’autres types de matières biologiques sont analysés et testés en utilisant divers liquides..
6. Établir une stratégie de données pancanadienne pour la recherche en santé et créer un dépôt pancanadien de données de recherche en santé pour centraliser les données de la recherche en santé de tout le Canada.
De nombreuses entités canadiennes saisissent et stockent une quantité extraordinaire de données sur la santé à la grandeur du pays. Ce sont principalement des fournisseurs de soins, des cliniques, des hôpitaux, des services de santé publique et des gouvernements. Ces séries de systèmes distincts, cloisonnés et disjoints ont rendu inaccessibles et inutilisables des données précieuses sur la santé. La pandémie a incité le gouvernement fédéral à investir massivement dans les systèmes de données en santé, mais aucune approche ou stratégie coordonnée n’a été élaborée. Cette situation a un impact négatif sur les résultats en santé, en plus de freiner la recherche, d’entraver la prise de décisions en matière de santé publique et d’augmenter les coûts du système de santé.
7. Mettre en place une stratégie nationale de planification des effectifs en santé pour rassembler des données sur les effectifs afin de remédier à la pénurie de professionnels de la santé et de s’attaquer aux facteurs qui nuisent au recrutement et à la rétention.
Les professionnels des soins de santé sont la plus grande ressource du système de santé, mais le Canada planifie mal les effectifs de la santé. Les conséquences de ce piètre travail se sont fait cruellement sentir pendant la pandémie et continuent de nuire à la prestation de soins de qualité. En l’absence d’une stratégie nationale, il est difficile d’assurer que le bon nombre et le bon type de travailleurs sont au bon endroit au bon moment. Cette situation a des ramifications économiques et perpétue les inégalités actuelles dans le système de santé, notamment pour les travailleurs qui sont principalement des femmes et, dans certains postes à bas revenus, des immigrants, des nouveaux arrivants et des personnes racialisées, de manière disproportionnée.
8. Moderniser les infrastructures en santé du Canada en augmentant les investissements en capitaux dans les soins de santé jusqu’à un minimum de 0,6 pour cent du PIB, au cours des cinq prochaines années, pour mieux s’aligner avec les homologues du Canada à l’OCDE.
Le défaut du Canada de maintenir des investissements en capital adéquats dans ses installations de soins de santé nuit à notre environnement, a des conséquences sur les soins aux patients et compromet gravement notre capacité de soutenir un système de soins de santé innovant et technologiquement avancé. La pandémie a montré que la désuétude des infrastructures de santé pose des risques pour la santé des Canadiens, y compris dans les nombreux établissements de soins de longue durée où il est presque impossible de respecter les protocoles de prévention et de contrôle des infections.
Par ailleurs, le Canada doit également accélérer les efforts pour mettre en place une infrastructure de la santé numérique et renforcer la cybersécurité afin de rationaliser le système de santé, de soutenir les soins virtuels, d’améliorer l’accès et de faciliter le partage sécuritaire des données en santé avec les praticiens et avec les patients.
9. Augmenter les transferts en santé aux provinces et territoires pour assurer un financement cohérent et à long terme des soins de santé qui suit l’augmentation des coûts.
La COVID-19 a mis à jour la fragilité de notre système de soins de santé et a exacerbé les problèmes systémiques de longue date, comme l’accès inadéquat aux services de santé mentale et la nécessité de revoir les soins aux personnes âgées. Elle a également aggravé les retards de chirurgie et d’interventions, et il est probable que d’autres répercussions à long terme apparaîtront dans les mois et les années à venir. Par contre, elle a aussi montré que tous les ordres de gouvernement peuvent agir rapidement et travailler ensemble afin de résoudre des problèmes urgents.
Les transferts en santé additionnels effectués de manière ponctuelle par le gouvernement fédéral pendant la pandémie sont appréciés. Toutefois, alors que nous émergeons de la pandémie, nous avons besoin d’un financement fédéral supplémentaire soutenu et d’une collaboration gouvernementale pour combler les lacunes actuelles et bâtir un système de santé qui répond aux besoins actuels et futurs des Canadiens, surtout dans le contexte du vieillissement de la population.
Comme nous l’avons appris pendant la pandémie, une population en santé et une économie saine vont de pair. L’investissement dans un système de santé inclusif, équitable, vert et résilient et l’exploitation de la capacité innovante et économique du secteur de la santé et des biosciences – y compris les CUS – assureront la vigueur de notre économie en créant des emplois, en stimulant les économies locales, en attirant les meilleurs talents et les investissements mondiaux et en positionnant le Canada comme un chef de file de la recherche et de l’innovation en santé.
PRÉSENTÉ
le 23 février 2022
POUR PLUS D’INFORMATIONS
Bianca Carlone
Analyste des relations gouvernementales et des politiques
bcarlone@healthcarecan.ca
Jonathan Mitchell
Vice-président, Recherche et politiques
jmitchell@healthcarecan.ca